Publié aujourd'hui à 12 h 21 Via Radio Canada
Les drones devraient-ils être plus utilisés dans les opérations de recherche? La découverte du corps de Jacques Arbour en Mauricie, après trois jours de recherches, soulève des questions chez un spécialiste des drones en recherche et sauvetage.
Un texte de Marie-Pier Bouchard
Daniel Harvey a offert son aide quand il a appris la disparition de l’homme de 62 ans, mais on ne lui aurait jamais répondu. Selon lui, les autorités policières sont encore réticentes à utiliser le drone dans de telles circonstances.
M. Harvey et son associé, Richer Bérubé, disent avoir proposé aux autorités policières leur expertise de recherche et sauvetage à l’aide d’un drone au moins une dizaine de fois au cours des deux dernières années. On n’aurait jamais donné suite à leurs propositions.
Selon eux, le drone devrait automatiquement participer aux opérations de recherche pour retrouver une personne disparue.
On peut agir beaucoup plus rapidement. C’est un complément aux chercheurs qui sont au sol. On peut aussi poursuivre les recherches à la noirceur et détecter des sources de chaleur avec la caméra infrarouge.
Daniel Harvey, copropriétaire de Drone Orbital
Selon Daniel Harvey, le déploiement d’un drone dès le début des recherches aurait augmenté les chances, dans plusieurs cas de disparition, de retrouver la personne plus rapidement.
Par ailleurs, il souligne que le coût d’utilisation d’un hélicoptère serait d’environ 2000 $ de l’heure comparativement à 500 $ de l’heure pour le drone, soit quatre fois moins cher.
La Sûreté du Québec (SQ) affirme être le premier corps de police à avoir obtenu l’autorisation de Transports Canada, en 2017, d’utiliser des drones de façon permanente.
Or, dans le cas des recherches pour retrouver Jacques Arbour, dans le secteur Saint-Jean-des-Piles, à Shawinigan, un tel appareil n’aurait pas pu être utilisé, selon la porte-parole de la SQ, Éloïse Cossette.
Nous devons l’utiliser en l’ayant toujours à vue. Ce qui fait en sorte que nous n’aurions pas pu passer par-dessus une montagne comme à Shawinigan où il [Jacques Arbour] a été retrouvé.
Éloïse Cossette, porte-parole de la Sûreté du Québec
Les drones de la SQ sont utilisés sur des scènes d’accident et des scènes de crime, ajoute Mme Cossette.
Les drones rarement utilisés
Les opérateurs de drone, qui ont suivi toutes les formations et seraient prêts à accompagner les autorités policières rapidement lors de disparition, affirment qu’ils sentent une certaine réticence.
Il est vrai qu’ils sont rarement utilisés. Du moins, c’est notre perception, indique le président de l’Association québécoise des bénévoles en recherche et sauvetage (AQBRS), Guy Lapointe.
M. Lapointe dit avoir observé que les autorités policières utilisent les drones principalement dans des secteurs non sécuritaires pour l’humain, comme les falaises, les marécages ou les rapides.
Il y a encore beaucoup de mythes en rapport aux drones, surtout à cause des impacts en plein vol. À l’Association, nous croyons important que toutes les ressources soient utilisées afin de maximiser les chances que la personne soit retrouvée.
Guy Lapointe, président de l'AQBRS
Selon M. Lapointe, l’an dernier, à Asbestos, un cas de disparition a été résolu grâce à un drone.
L’École nationale de police du Québec (ENPQ) confirme que l’utilisation des drones est encore très rare au Québec.
En contrepartie, le directeur des affaires institutionnelles et des communications à l’ENPQ, Pierre St-Antoine, confirme que les autorités européennes utilisent régulièrement les drones à l’occasion de diverses opérations.
D'après Daniel Harvey et Richer Bérubé de Drone Orbital, il y aurait une réticence des autorités policières à utiliser des drones en raison de la grande méconnaissance de cette technologie qui subsiste.